Le 12 juin 2025, Google a discrètement annoncé, via son blog destiné aux webmasters et spécialistes SEO, la suppression progressive du support du balisage ClaimReview dans les résultats de recherche. Cette balise, mise en place en avril 2017, permettait jusqu’alors de mettre en évidence les articles de fact-checking en affichant clairement l’affirmation vérifiée, son auteur et l’évaluation des faits (vrai, faux, etc.).
L’objectif de Google, selon ses déclarations, est de « simplifier la page des résultats de recherche », une démarche qui inclut également d’autres affichages spécifiques pour les livres, véhicules ou vidéos éducatives.
L’historique du ClaimReview
Le système ClaimReview est né en 2015 d’une suggestion de Glenn Kessler, journaliste au Washington Post. Développé par Google en collaboration avec le Duke Reporters’Lab et Schema.org, il visait à améliorer la visibilité et le référencement des articles de vérification des faits.
Depuis avril 2017, Google utilisait le balise ClaimReview pour mettre en avant le travail de « fact checking » réalisé par certains medias et des sites spécialisés.
CheckNews a confirmé que ses propres articles marqués par la balise ClaimReview ne bénéficient plus de cet affichage distinctif dans les résultats de Google. Un porte-parole de Google a indiqué que ce « changement mineur » n’affectait qu’un « très faible pourcentage de résultats de recherche » et n’avait aucun impact sur le classement ou le trafic vers ces pages.
Une décision qui suscite mal comprise par le monde des médias
L’annonce a été accueillie avec surprise, voire incompréhension, par la communauté du fact-checking. Lors du sommet annuel de l’International Fact-Checking Network (IFCN) du 26 au 28 juin, des figures comme Andrew Dudfield de Full Fact ont exprimé leur regret de n’avoir reçu aucun avertissement préalable de la part de Google. Clara Jiménez Cruz, fondatrice de Maldita, a également confirmé cette fin de collaboration sans préavis.
Alexios Mantzarlis, ancien responsable de la crédibilité de l’information chez Google et l’un des acteurs à l’origine du ClaimReview, a souligné dans sa newsletter « Indicator » que cette décision s’inscrit dans la continuité du retrait de Meta de son programme de vérification des faits aux États-Unis. Il note également que Google n’a pas mentionné l’intention de remplacer ClaimReview par une fonction de vérification des faits adaptée à l’ère de l’intelligence artificielle. Cette omission est d’autant plus pertinente que Google, via ses fonctions de recommandation, joue un rôle dans la mise en avant de contenus potentiellement générés par IA et diffusant des informations erronées.
Un paradoxe face aux engagements de Google
Cette décision de Google apparaît paradoxale à la lumière de ses engagements passés. Dans un rapport adressé à la Commission européenne en septembre 2024, dans le cadre du Digital Services Act, Google mettait en avant l’importance du ClaimReview, affirmant que les articles balisés avaient généré plus de 120 millions de vues dans l’Union européenne durant les six premiers mois de l’année. Le géant du web assurait alors que Google Search s’appuyait sur ces balises pour « améliorer les résultats de recherche des articles de vérification des faits avec des ‘synthèses enrichies’ ».
Officiellement, Google maintient que ClaimReview continuera d’être utilisé pour son service Fact Check Explorer, une base de données d’articles balisés. Cependant, les chiffres de Google révèlent que ce service n’a attiré que 25 362 utilisateurs dans l’UE au second semestre 2024, un chiffre infime comparé aux plus de 300 millions d’utilisateurs mensuels de Google Search.
Ce qu’il faut retenir
La fin de l’affichage spécifique des balises ClaimReview par Google marque un tournant dans la visibilité du fact-checking en ligne. Elle s’inscrit dans une tendance globale de suppressions de tous les balisages que Google juge peu utiles ou peu utilisés.
Mais c’est aussi conforme avec les positions récentes de Google, qui a clairement exprimé son désaccord avec les demandes de l’UE. Google avait déclaré en janvier 2025, à propos du code de bonnes pratiques de la Commission Européenne face à la désinformation « n’est pas appropriée ou efficace pour ses services » et avait déclaré qu’ils ne s’y conformeraient pas !
La question de savoir comment les plateformes vont s’adapter à l’ère de l’IA pour lutter contre la désinformation reste ouverte.
L’annonce officielle de Google (c’est discret)
https://developers.google.com/search/blog/2025/06/simplifying-search-results?hl=en
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